Playground

Playground is an interactive installation that was exhibited during the "group" collective exhibition that took place in the Du Bellay Gallery from February 23rd until march 24th, 2007. See invitation card below (in French).

Front of invitation card Back of invitation card

Lucille Ade, Alicia Lasne, Sophie Mari and Anne-Lise Montier were four students of the fine art school in Rouen (France). They proposed an artistic project to the Du Bellay Gallery in Rouen (France) answering the project call under the "group" topic. They proposed to seize the call and to be a group proposing another project call under the "game" topic. The Playground installation answered this later call and was chosen to take part into the exhibition.

Note d'intention (french)

Note d'intention proposée au jury du concours formé par Lucille Ade, Alicia Lasne, Sophie Mari et Anne-Lise Montier.

Playground est une installation interactive et sonore, à l'image de certaines œuvres de Célèste Boursier-Mougenot. Mais ici Playground invite le visiteur à s'engager et engager tout son corps dans l'interaction. Au milieu de la salle vide se trouve un parc pour enfant. Un fond sonore de cour de récréation paisible accompagne cette installation simple. Éventuellement des objets sont posés dans le parc si besoin: nounours pour dissimuler des haut-parleurs, bonbons pour attirer le visiteur à l'intérieur du parc. Le fond sonore continue à jouer, tant que le spectateur n'est pas entré à l'intérieur du parc, où il n'y a la place que pour une personne. Dès le seuil franchi, le visiteur marche sur un tapis qui détecte sa présence, et des cris se font entendre, suivis de pleurs d'enfants, grâce à un petit programme simple qui s'exécute sur une machine dissimulée. Si le visiteur ne supporte pas les pleurs et les cris, il sort. On entend alors quelqu'un reprendre sa respiration, pour finalement revenir au son paisible de la cour de récréation.

Le jeu se manifeste chez les espèces dont les petits sont immatures et se développent lentement. Il consiste alors à mimer les adultes, leur chasse, leurs comportements sociaux. Il joue aussi un rôle dans la formation morale de l'enfant, son rapport à la règle comme aux valeurs d'égalité et de justice. Pourtant quelques jeux montrent la difficulté et la violence du contact social et l'adaptation de l'individu, comme le jeu the killer où les participants doivent s'entretuer symboliquement pour se connaître, où encore les jeux de cartes comme le pouilleux massacreur ou le trou du cul où il est difficile de se sortir d'une situation d'humiliation. Les films d'horreur à l'image de SAW ont su exploiter ce type de jeu. On trouve chez certains artistes la notion de jeu destructeur dirigé vers les enfants, comme dans l'œuvre d'Henrik Plenge Jakobsen avec Burned out kindergarten ou Carsten Höller avec la série des Killing Children ou Hard, hard to be a baby. Mais aucun ne propose l'expérience interactive pour accentuer la perception. Le premier propose une représentation à posteriori (le jardin d'enfant est brûlé et fondu), le second une représentation à priori du piège à enfant avant l'accident. Bien que le jeu ait pour but l'adaptation sociale, c'est parfois une expérience difficile, frustrante et traumatisante. Poursuivant cette idée, Playground handicape le visiteur, lui rend l'adaptation sociale difficile, et provoque une frustration à cause la violence de la réaction sonore.

Pour jouer dans le Playground, il faut entrer dans le jeu. Un jeu où les participants restent sceptiques est gâché et n'est plus amusant. Cependant, le jeu n'est plaisant que dans la mesure où cette entrée dans le jeu est librement consentie. Ici lorsque le visiteur entre dans le jeu, il lui est signifié que les autres joueurs invisibles ne sont pas consentants. L'entrée dans le jeu du spectateur est librement consentie, mais ce n'est pas partagé : il est isolé socialement.

On peut remarquer que dans certains jeux, il suffit, pour l'emporter, de respecter la règle le plus longtemps possible, de demeurer dans le jeu : ainsi le ni oui ni non, ou les échecs où l'on doit faire vivre le roi le plus longtemps possible. Suivant cette règle, il est difficile de rester dans le Playground, les cris et les pleurs étant des stimuli désagréables. C'est ici que se trouve aussi le défi du Playground. Il y a une certaine similitude entre triompher du hasard, d'un adversaire, parfois de la mort et s'affranchir par l'imitation de ses propres limites dans le jeu. Le spectateur doit continuer à vivre, malgré la frustration, les cris et les pleurs et trouver ses limites dans ce jeu en restant tant qu'il peut à l'intérieur de Playground.

Un seul joueur à la fois dans Playground : les autres visiteurs sont spectateurs. Le joueur est isolé et seul comme sur une scène théâtrale. Comme dans le théâtre, le jeu est une reprise symbolique de ce qui se passe dans la réalité sociale : l'intégration dans un groupe peut mal se passer. Playground est pensé pour que le visiteur ne se rende pas compte à priori de quel rôle il joue dans l'installation. Il est attiré à l'intérieur par un appât exploitant ses instincts, comme les tas de bonbons de Félix Gonzáles Torres. Il ne sait pas a priori que son rôle sera celui du marginal.

En définitive, l'idée du Playground que j'ai retenue pour cet appel à candidature est celle qui m'était la plus personnelle et celle qui est récurrente dans mon travail : la difficulté du contact avec les autres, idée adaptée ici au cadre du jeu.

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