De part et d'autre de l'interface : les continuités esthétiques et scientifiques
In SIMULATION TECHNOLOGIQUE ET MATÉRIALISATION ARTISTIQUE : Une exploration transdisciplinaire arts/sciences. 2012.
Céline Coutrix, Dominique Cunin, Mayumi Okura, Marcos Serrano
Samuel Bianchini, Nathalie Delprat, Christian Jacquemin (Eds.)
Résumé
Depuis l’émergence des technologies numériques et leur démocratisation, nous assistons au développement simultané d'une pratique artistique liée aux médias numériques et à l’interactivité, ainsi qu’à celui des sciences de l’ingénieur dédiées à l'informatique.
D'un côté, la recherche en esthétique des nouveaux médias et les pratiques artistiques mettant en œuvre les technologies numériques tendent à interroger et manipuler les nouvelles possibilités offertes par ces techniques dans le champ de la création artistique. Nous nous intéressons plus particulièrement à la notion d'interactivité, pouvant être abordée comme étant une relation s'installant entre l'œuvre et le spectateur, à l’aide de dispositifs de capture et de restitution d’une expérience sensible.
De l’autre côté, l’Interaction Homme-Machine (IHM) est une discipline, entre autres, de l’informatique, qui vise traditionnellement l’utilité et l’utilisabilité des systèmes informatiques. Elle s’ouvre aujourd’hui à une définition plus large incluant par exemple la notion d’esthétique qui nous intéresse ici. La recherche en IHM vise l’élaboration de techniques d’interactions innovantes, ainsi que l’aide à la conception et à la réalisation des interfaces.
Nous faisons de la notion de continuité notre point d’entrée sur la question de la simulation et de la matérialisation des points de vue esthétique et scientifique. Les dispositifs artistiques interactifs mettent fréquemment en œuvre une simulation, qu’il s’agisse de la représentation en perspective d’un espace tridimensionnel simulé par ordinateur ou de compositions graphiques générées à partir d’algorithmes. Mais, afin de faire œuvre, ces dispositifs doivent prendre une forme concrète pour pouvoir s’offrir à l’expérimentation du spectateur. Cette matérialisation du dispositif interactif permet à l’œuvre d’exister. La continuité se définit, quant à elle, comme la liaison non interrompue des parties d’un tout. Cette notion s’applique aux mondes physique et numérique lorsque, en art comme en science, les chercheurs tentent de réunir en un tout la simulation numérique et la matérialisation physique.
Nous aborderons dans cet article la notion de continuité entre simulation et matérialisation, tout d’abord du point de vue artistique, puis de celui des sciences de l’ingénieur, pour observer enfin comment ces disciplines interagissent dans l’étude et la réalisation d’interfaces.